Lettre d’information N°77 – Récit d’un embrouillamini Cafkaïen

 Tout a commencé il y a un peu plus de trois ans.

Ce serait un peu fastidieux pour moi de vous raconter cette histoire dans toutes ses longueurs et pour vous de la digérer facilement, aussi je vais tenter de faire court et simple.

Pour ceux, pressés, qui voudraient un résumé en un mot, ils se contenteront de celui-ci :

CAFKAIEN

Que les autres veuillent bien me suivre. Soyez attentifs et gaffe à la marche en sortant de l’escalier!

Vous le savez, l’obtention de l’AAH (Allocation Adulte Handicapé) est liée aux ressources du foyer. Nous avons d’ailleurs été plus de 100 000 à signer la pétition sur le site du Sénat pour espérer que les choses changent et que le salaire du conjoint ne réduise ou ne supprime, n’invalide en somme, les 903,60 € de cette aide qui, malgré sa revalorisation tous les mois d’avril  (0,90 €/mois cette année), reste toujours, «quoiqu’il en coûte !», en deçà du seuil de pauvreté ! Une petite vidéo de Kevin Polisano illustre bien Le prix de l’amour pour  une partie de ces citoyens.

Pour moi les choses sont différentes, et c’est l’AFM (Association Française contre les Myopathies) qui m’a parlé de deux articles et un décret qui font que je passe à travers les mailles du filet généraliste  :  j’ai la chance que mon « état nécessite à la fois une aide totale pour la plupart des actes essentiels et une présence constante ou quasi constante », et que, dans ce cas, je peux, j’ai le droit de salarier mon épouse en tant qu’Auxiliaire de vie et par conséquence la CAF  (Caisse d’Allocations Familiales) ne doit pas tenir compte de son salaire. C’est aussi simple que cela!

Alors quand celle des Bouches-du-Rhône  réduit mon AAH en janvier 2018, un an plus tard elle la supprimera, je conteste cette décision auprès de leur Commission de Recours Amiable en leur donnant tous les arguments juridiques.  À signaler tout de même que ces textes se trouvent dans le Code de l’Action Sociale et des Familles et dans le Code de la Sécurité Sociale qui devraient, pensais-je benoîtement, être les livres de chevet de cet organisme. Malgré cela, quelques huit mois plus tard, je reçois une notification de refus qui se réfère à l’Article R 821-3 alors que moi je parlais de l’Article R 821-4.

C’est tout de même ballot de ne pas avoir lu un peu plus loin ou alors n’est-ce pas plutôt

CAFKAIEN !

Je formule alors une demande de recours contentieux au Tribunal de Grand Instance de Marseille.

L’audience a lieu 20 mois après cette requête, le 2 octobre 2020.

Je n’ai pas pris d’avocat et préparé deux petites pages de texte où j’ai commencé comme ceci : «En fait, je ne comprends pas bien pourquoi je suis ici ! Pour un simple citoyen, « nul n’est censé ignorer la loi ». Alors pourquoi la CAF des Bouches-du-Rhône n’applique pas les articles et décrets…».

Je n’ai pas pu aller plus loin car le défenseur de la CAF m’a coupé en reconnaissant leur erreur, que j’étais un cas particulier, qu’ils allaient me contacter, calculer puis me verser ce qu’ils me devaient. La présidente ne m’a pas laissé finir en fixant une deuxième audience quelques mois plus tard.

J’étais content d’avoir eu gain de cause mais en même temps frustré de ne pas avoir pu débattre davantage, sortir quelques vérités même si elles sortaient du cadre strictement juridique.

Entre les deux rendez-vous, suite au paiement rétroactif et le rétablissement de mon AAH, je constate, en me connectant sur mon espace CAF, que je n’ai plus de droit pour le mois de décembre. J’écris, on me demande notre déclaration d’impôt, à la suite de quoi on me réplique qu’en fonction de nos ressources conjointes, supérieures au barème fixé, je n’ai pas droit à l’AAH ! Retour à la case départ !

Bizarre et incompréhensible me direz-vous ?! Je dirais plutôt

CAFKAIEN !

D’autant plus que finalement ils me verseront le subside mensuel mais à chaque fois avec un retard à l’allumage, avec un effet pochette surprise assez perturbant.

Le jour de la deuxième audience, je retrouve le même défenseur de la CAF mais une autre présidente. Celle-ci veut savoir en premier lieu si j’ai bien reçu la somme due et si le compte est bon. Je réponds « oui » mais qu’il y a eu plusieurs ratés par rapport au paiement mensuel et que je ne souhaite pas refaire le même parcours.

La partie adverse dit qu’elle ne comprend pas bien ce qui s’est passé et que leur système informatique ne prend pas en compte le cas particulier que je suis ; un sur 10 000 ! Cette fois, c’est moi qui l’interromps en demandant d’où il peut bien sortir ces chiffres, ces statistiques ! Il bafouille un peu et répond que c’était pour dire que j’étais vraiment un cas rare. Devant l’insistance de la présidente, il me conseille alors, si cela se reproduit, de téléphoner directement à la direction de la CAF pour régler le problème.

Évidemment, je ne peux m’empêcher de bondir, tout en ne bougeant quasiment pas d’un millimètre. Cet exercice myopathique, à force d’entraînement, m’est devenu naturel et produit souvent son petit effet ; en tout cas aujourd’hui, il est largement remarqué par une assistance médusée autant qu’interloquée. J’interromps donc une nouvelle fois le quidam en faisant remarquer à la présidente, qui le  sait pertinemment au vu des yeux ronds qu’elle lui tance, que ce genre de numéro téléphonique ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval et que de toute façon je ne suis pas adepte d’équitation. Je ne garantis pas la transcription exacte des échanges mais la teneur y est.

Depuis, je regrette amèrement de n’avoir eu la présence d’esprit, à ce moment-là, de souligner le caractère CAFKAIEN du conseil donné par le représentant de la KAF !

Joueur d’échecs devant l’éternel, je sais que j’ai les blancs : c’est moi qui ai saisi cette juridiction et mon rôle est de prendre l’initiative, d’attaquer au maximum, d’acculer l’adversaire dans ses derniers retranchements pour avoir toutes les chances de  mater ! Quel plaisir de voir le représentant de la défense de plus en plus mal, manquant d’air, d’espace, bredouillant les mêmes choses pour tenter de justifier, d’expliquer leur erreur.

Je rappelle par la même occasion que je ne suis pas un cas si isolé que cela, d’ailleurs Renaud de l’AFM qui m’accompagne parle d’affaires analogues en 2013 et 2018,  et que beaucoup d’autres allocataires n’ont pas l’information, l’énergie, le temps et les compétences pour mener ce genre de combat de longue haleine. Il faut aussi que les choses changent pour eux !

A la fin, la présidente qui avait lu mes «conclusions »  veut savoir si j’estime que la CAF a commis une faute. Je clame « Oui bien sûr ! » et réclame des dommages et intérêts : 1.650 € que je verserai à l’AFM-Téléthon et qui correspondent à 50 € pour chacun des 33 mois pendant lesquels j’ai dû faire face à cette situation précaire.

J’expose également trois demandes plus généralistes concernant les services informatiques de la CAF qui doivent évoluer, tout comme leurs commissions de recours afin qu’elles étudient  avec soin et rapidité les contestations exposées et aussi l’information qu’elle pourrait communiquer sur ces droits particuliers trop souvent méconnus de bon nombre d’allocataires.

Le tribunal a rendu son jugement le 30 mars en se déclarant «incompétent pour statuer sur l’injonction de la caisse à adopter un service informatique adapté» mais en condamnant la CAF à payer l’intégralité de la somme demandée en réparation du préjudice !

Pour conclure, dire, rappeler qu’il faut se battre encore et toujours lorsqu’on est victime d’une injustice, ne pas flancher, ne pas se résigner, être patient, pugnace, que cela en vaut souvent la peine pour soi mais aussi pour les autres et que cela participe de toute façon à sa propre évolution et à celle par ricochet de notre société. Et puis quelle satisfaction, quelle récompense lorsque David terrasse Goliath !

En parlant d’évolution, une phrase qui peut nous guider et nous éviter la nuit et le brouillard jamais bien loin :

« On reconnaît le degré d’évolution d’une société à la place qu’elle accorde aux plus vulnérables de ses membres. »

Je suis heureux de faire encore partie d’une société évoluée et c’est une chance pour nous tous qu’Alexandre Jollien, philosophe et IMC écrive « L’éloge de la faiblesse », que Pascal Duquenne atteint de trisomie soit musicien, peintre et acteur du 8ème  jour, que Daniel Tammet, né un jour bleu et Josef Shovanec nous baladent en Autistan, que Stevie Wonder nous fasse vibrer avec sa «musique de l’âme», que Philippe Croizon, amputé des quatre membres, nous rappelle en traversant la Manche à la nage, que rien n’est impossible…

Alain Comoli, cofondateur et administrateur d’HandiVers Horizons

Texte illustré par des photos du mouvement artistique « Arte Povera »

PS : Comme cela n’a pas encore été mentionné dans nos lettres, je tiens à informer nos lecteurs, amis et sympathisants que je n’ai pas souhaité poursuivre mon action associative en tant que président que j’ai rempli depuis 11 ans déjà.
C’est donc un nouveau Bureau qui a été élu lors de l’Assemblée Générale le 7 juin dernier.

 

 

LETTRE D’INFORMATION N°76 – HORIZONS 2021

Nous voilà en ce début d’année toute neuve en espérant que 2021 puisse faire oublier 2020.  Nous en profitons pour souhaiter nos meilleurs vœux à ceux à qui nous n’avons pas encore pu le faire. Que cette année voie s’accomplir vos rêves et concrétiser vos projets.

A notre échelle, en ce début janvier nous restons essentiellement axés sur l’organisation des 10 ans du Festival Horizons Décalés. On espère d’içi là pouvoir entériner d’autres projets notamment en ce qui concerne les actions de sensibilisation et d’information.

En attendant nous avançons dans la programmation, ravis de pouvoir compter sur toutes ces femmes et ces hommes qui font la culture, persévérant dans leurs arts malgré les difficultés pour se produire, diffuser et donc survivre. Et ce n’est pas par l’appât du gain, nos moyens demeurent modestes.

Avant de dévoiler une partie du futur programme, nous souhaitions mettre un peu en lumière celui qui sera le parrain du 10ème FHD. Moins connu que certains de ces prédécesseurs, il mérite pourtant au moins autant d’intérêt.

Le choix d’un parrain pour un festival n’est jamais simple. Pour un anniversaire cela peut paraître encore plus complexe. Qui peut à la fois représenter les valeurs et les thèmes que prônent cet évènement, avoir une référence transversale à toutes les éditions, et pouvoir évoquer, témoigner, ou conceptualiser le handicap dans ses possibles ?

C’est ainsi que nous avons procédé pour retenir un parrain – historique – qui compagnonne avec nous depuis toujours. Il est directement concerné par notre évènement de par son activité professionnelle mais aussi son engagement « humanitaro/humaniste ».

Dans la vie professionnelle le docteur Hassane BENKHLAFA est spécialiste en médecine Physique et de Réadaptation. Il exerce au centre de rééducation Betana à Salé au Maroc.

Ses compétences et son expertise l’amènent à intervenir au Maroc mais aussi au-delà du Maghreb. Il est en effet consultant auprès de OVCI La nostra famiglia, ONG non partisane italienne s’adressant aux personnes – principalement des enfants – en difficulté sociale ou en situation de handicap.

Par ailleurs il membre du conseil d’administration de l’Association marocaine de soutien aux personnes trisomiques: AMSAT.

Ce monsieur, à l’agenda déjà bien chargé, est aussi le Directeur du festival HANDIFILM de Rabat (MAROC). A ce titre-là, il collabore étroitement depuis plus de 10 ans avec Patrick Coindre, de Motstus and co, chargé de la programmation des films pour le FESTIVAL HORIZONS DECALES et directeur de la programmation pour HANDIFILM.

Bref, il est engagé, compétent, endurant (c’est un aussi un sportif passionné par la randonnée pédestre), généreux, concerné et suffisamment décalé pour être le parrain légitime du FHD 2021 !

 

Comme nous l’avions proposé, nous retrouverons cette année des talents initialement programmés en 2020 :

–  C’est le cas des Montpelliérains de Mozaïk Danse qui ouvriront la journée de samedi. Une troupe mixte composée de danseurs pros et amateurs et pour certains en situation de handicap. Il en est même un parmi eux, Nathan, que vous avez peut-être déjà vu à la télé. Sous la direction artistique de Patricia LOUBIERE nous aurons droit à une  représentation proposant 3 parties.

Un peu plus tard Mathilde de Lapeyre invitera le public à voyager dans son imaginaire. Elle raconte des contes datant de la nuit des temps et elle les fait raisonner avec notre onde d’aujourd’hui pour servir des causes qui lui sont chères.

En fin d’après-midi, Après-vous montera sur scène pour un spectacle original. Un batteur, un chanteur guitariste et une comédienne nous raconterons une histoire parfois chantée, parfois signée, parfois jouée, parfois théâtralisée et toujours en musique.

 

– C’est aussi le cas de certains exposants :

Seb Russo : fidèle du FHD, il a déjà exposé et réalisé plusieurs de nos affiches. C’est encore lui qui officiera cette année. Il affichera  également quelques œuvres ainsi que la revue qu’il produit « TRAKT ».

Julien HACHEMI : handicapé suite à un accident, c’est par le dessin, la peinture, la poterie etc, qu’il nous permet de voir sa vie.

SEPILS : artiste engagée qui « transcrit », dans ses dessins, les symptômes ressentis par les personnes souffrant de sclérose en plaques.

 

 

– Ou écrivains :

Sylvain GRECO : auteur indépendant menant plusieurs projets. Vous pourrez le retrouver avec deux titres qui n’ont de commun que leur auteur.

Jane GOYRAND : médecin et maman, « Une erreur d’écriture » est son premier roman sorti le 20 octobre. Le texte déjà paru sous la forme d’un témoignage a reçu le grand prix du manuscrit 2019.

Adel Bounif : auteur de trois livres de poésie qui racontent l’histoire de sa vie et particulièrement de celle de sa fille, Manel atteinte du syndrome de Dravet. Son premier livre, « Celle qui a pris mon enfant –  l’Épilepsie » a reçu un prix littéraire en août 2018.

 

 

Le FHD fera aussi une large place au cinéma, du très court au long métrage. Et ça commencera le vendredi soir avec un long métrage projeté par notre partenaire « La Strada ».

Ensuite vous pourrez voir ou revoir des courts et moyens métrages, pour certains déjà diffusés lors des précédentes éditions. Cette sélection « Best of », proposée en collaboration avec l’association « MOTSTUS AND CO» de Patrick Coindre, contient 10 ans de pépites, souvent récompensées dans les festivals internationaux. Pour les « nouveautés », nous reviendrons sur chacune plus précisément.

De tout cela, nous aurons l’occasion de reparler lors de notre prochaine lettre d’informations. Ce qui permettra également de faire un petit focus sur tous les autres exposants et artistes qui complèteront la programmation. Notamment en ce qui concerne la musique. Car pas de FHD sans concert. Sachez déjà, entre autres, que nous allons voyager à travers le temps et le monde par l’intermédiaire de guitaristes de père en fils puis de père en fille.

En attendant portez-vous bien !

Rédigée par DoM

LETTRE D’INFORMATION N°75 – ET LE FHD ?

Chers amis, artistes, bienfaiteurs, adhérents et décalés en tout genre,

 

Tout d’abord, nous vous remercions de l’intérêt que vous avez manifesté pour participer d’une manière ou d’une autre à notre évènement.

Dernièrement nous vous avions informé que le Festival Horizons Décalés, impossible à tenir en juin du fait de l’épisode de coronavirus, serait reporté à cet automne.

Malheureusement nous ne pouvons raisonnablement pas envisager cette solution pour différents motifs indépendants de notre volonté.

Aussi nous sommes contraints d’annuler purement et simplement l’édition 2020 du festival.

MAIS …. , fidèles à notre devise, nous nous décalons de nouveau.

En effet, ce n’est que partie remise à l’année prochaine. Et on compte encore sur vous comme vous pourrez compter sur nous pour que se tienne ce moment festif, multi culturel et haut en couleurs !

Bien entendu, tous les artistes programmés cette année et qui le souhaitent sont invités à réserver leur participation les 4, 5 et 6 juin juin 2021 ! Nous sommes décalés ET fidèles.

Nous continuerons à vous informer via les lettres d’information, notre site ou encore notre page facebook de l’actualité de l’association et du FHD.

D’ici là nous vous souhaitons bon courage dans la traversée tumultueuse de cette crise. Prenez soin de vous et gardez la forme, l’espoir et le moral. La passion et la solidarité sont plus forts que le Covid !

Au plaisir de vous retrouver très bientôt.

Le comité organisateur du Festival Horizons Décalés