Lettre d’information N° 72 – Les Horizons Décalés de retour à Verquières

Finit les vacances, les apéros interminables et les « Ce n’est pas grave demain on dormira ». La rentrée est là avec sa réalité scolaire, professionnelle bref très rythmée et parfois un brin trop routinière. Avec quels horizons pour demain ?

C’est une question qui doit être sagement et attentivement étudiée. Demain devrait être source de nouveaux rêves et autres projets décalés. Mais avant cela, pour l’association HandiVers Horizons, ce moment est aussi l’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, particulièrement sur la Journée Horizons Décalés du 1er juin dernier.

Après une édition 2018 à « l’extérieur », chez nos voisins et amis de Cabannes, nous avons retrouvé avec bonheur et réinvesti avec enthousiasme la salle polyvalente de Verquières. Cette dernière avait profité de notre escapade Cabannaise pour se refaire une beauté. Et c’est plutôt réussi ! Agréable, lumineuse, aux couleurs plaisantes elle dispose d’un espace (salle de danse) transformable en loges également bien équipé et accessible. Le noir total est maintenant possible et du coup les conditions de projection sont bien adaptées. L’écran est peint sur le mur de fond. Elle a été également repensée avec un espace cuisine/bar qui donne directement sur la salle. Et elle est (presque) totalement accessible (pas la scène).

Bref des conditions bien sympathiques pour l’accueil d’une édition 2019 « à la maison ».

Sous la direction de Ludovic Guillon les artistes et bénévoles ont pris possession des lieux.

D’abord avec l’installation des expositions. Lucile NOTIN-BOURDEAU accompagnée de sa mère Eugénie Bourdeau est venue présenter un aperçu de sa très large production de dessins. La vie et les thématiques qui la traversent, la complexité entremêlée de simplicité, oxymore de l’ordinaire dans la perception de cette jeune fille, à l’œuvre ô combien touchante et attachante.

 

Jocelyne TUAL BEAUGRAND, artiste peintre dont la sensibilité transparaît tant dans ses tableaux que lors des échanges avec les visiteurs ou les bénévoles, toujours teintés d’humanité et de simplicité. Si vous n’étiez pas là, elle a un site web pour un rattrapage . http://j.beaugrand.tual.free.fr/atelier.html

 

Enfin l’exposition des photos Handivers Horizons. 9 années à travers des morceaux choisis. Ça parle à beaucoup, souvenirs et émotions.

Est venu le moment de l’art vivant. Francis Cauli et ses jeunes artistes de l’école de cirque «Surunfil», comme il se dit dans le sud, «nous ont régalé». Des prouesses de tout ordre dans lesquelles on entrevoit une préparation fine, des talents avérés, des possibles insoupçonnés, mais aussi de la bonne humeur, de l’humour, de l’interaction, et un M. Loyal passionné. C’est décalé comme il faut.

 

C’est ensuite la Cie La Même Balle avec son spectacle « C’est pas pareil » qui a enchaîné. La clownerie est un art à part où parfois le public a du mal à se laisser embarquer. Une prestation en rodage sur une idée originale mélangeant les genres associés à un burlesque parfois inaccessible à une part du public.

 

Le temps d’une pause et nous avons ensuite pu assister à une projection de courts métrages. Patrick Coindre nous avait concocté une programmation…… excellente !

Une heure trente d’émotions, des séquences qui viennent vous remuer au plus profond de vous-même. Des scènes qui ont toutes en commun la beauté (même du triste), l’espoir et surtout l’Humanité. Belle leçon.

–              « Dans la quête d’un absolu » d’Eugénie Bourdeau : où l’expression graphique de Barbouillec Sp rencontre celle de Lucile ou le contraire. Une histoire de rencontres en tout cas….

–              « Pita » de Gabrielle Sheepard. On suit cette mère, patiente et aimante, qui va se décaler pour accéder à une communication avec sa fille autiste.

–              Quelle claque avec « Préambule » film de sensibilisation de l’association Noémi. Ou comment l’adulte se laisse formater par de « mauvais bons sentiments ». Le regard d’enfant, sans préjugé, sans mauvaise pitié, que nous avons tous eu, disparaîtrait avec l’âge ?

–              « Clac ! » De Fabien Ara. Evoquer les thèmes d’Alzheimer et du suicide dans un même film entraine le risque de produire une œuvre violente (ça l’est), dramatique (c’est le thème) mais aussi tellement cynique qu’elle en est drôle. Un sujet de philo pour les futurs bacheliers ?

–              « Tendre Héritage » de Florent Brischoux traite d’une question universelle. L’amour. En l’occurrence celui qu’on peut offrir à une personne dépendante lorsqu’il n’y a plus de parenté. Encore un sujet philo mais aussi sociétale (d’ailleurs est-ce dissociable ? ).

–              « Sans mot dire » de Quentin Lecocq. Justement comment dire ? Tu ne m’entends pas, je ne te vois pas. Alors on ne va pas pouvoir se rencontrer et construire ensemble ? Pas si sûr.

–              Et pour terminer, « 135 euro » un très court métrage de et avec Denis Lefdup.

 

Dans l’assemblée on pouvait reconnaitre M. Martin Teisseire, maire de Verquières , en compagnie d’élus Saint-Rémois : Patricia Laubry adjointe à la culture et Gabriel Colombet conseiller municipal délégué au Patrimoine et monuments historiques et à la politique du handicap. Chacun d’entre eux a pu montrer son intérêt pour notre manifestation en prononçant quelques mots. Alain Comoli, Président de l’association Handivers Horizons et Ludovic Grillon l’organisateur de la JHD ont également pris la parole en ouverture du vernissage des expositions. Ce fut alors le moment d’entendre les artistes, puis d’échanger avec eux autour d’un apéritif offert par la municipalité de Verquières.

Un vernissage et apéro plus tard nous avons partagé une paëlla concoctée par Laurent. Toujours appréciée il ne peut en rester. Après ce moment roboratif bienvenu, nous avons ensuite pu découvrir

 

Fgad : accompagné par son ami et prof de guitare Pablo, ce rappeur se produisait pour la 1ère fois sur scène. Ses textes sont engagés voire révoltés, toujours pour la cause des personnes en situation de handicap. Au final, une bonne participation du public et une belle prestation de ces deux lyonnais malgré un son parfois médiocre.

Pour terminer cette édition Denis Lefdup accompagné de plein de Lefdup. Un groupe d’amis, passionnés par leur métier, la musique, et semble-t-il heureux de se retrouver pour jouer ensemble. Des gens simples qui pour autant font très bien les choses. Dommage, c’était un peu court.

 

Nous avons reçu de magnifiques témoignages de sympathie lors et à la suite de cette JHD 2019, «d’anonymes» ou d’artistes. C’est aussi cela la récompense d’une année de travail. Je vous propose des extraits de ceux de Denis Lefdup et de Joseph Dahan.

« Quand Alain m’a contacté, il s’est présenté ainsi : « Je suis myopathe (oui mais aux bons œufs frais !) ». Un petit tour sur Facebook… ce mec est dingue. Je fais généralement un concert tous les dix ans et j’avais déjà atteint mon quota l’été dernier (…) Petit tour des copains musiciens pour voir qui serait dispo pour remettre ça… Tous. Alors on a répété, encore plus que pour le précédent concert. J’ai même réussi à apprendre par cœur certaines chansons… c’est dire.

A Paris, le printemps avait été plutôt pourri et mouillé. A Verquières c’était déjà l’été. Rien que ça nous promettait déjà un week-end réussi.

Premier contact avec la population locale : Ludo… Il a un handicap étonnant : il ne tient pas en place et ne dort jamais. Visiblement il sait tout faire, et il fait tout. (…)

Le jour J au matin premier petit dej en plein air dans cet étonnant jardin si bien décrit par mon camarade de jeux Joseph Dahan. Puis vient l’heure de se diriger vers le lieu de nos futurs exploits. (…) une école de cirque répète son spectacle et on découvre les œuvres exposées. Il va falloir être un peu patient pour faire la balance. Ce qui implique quelques heures de glandouille sur le site. Une petite bière fraîche au soleil, elle n’est pas belle la vie ?

Arrive enfin le grand soir, entamé par une paëlla géante. Ça marche toujours ça, la paëlla. On digère tranquille en écoutant Fgad, avec qui on passera d’ailleurs un moment sympathique en « after » dans le jardin.

C’est l’heure. Certes la salle n’est pas comble, mais suffisamment remplie pour qu’on sente que ça réagit plutôt bien. Très bien même au point que par moments ça guinchait dans les fauteuils… A croire que les gens dits « cassés » aiment bien se marrer aussi …. Dois-je ajouter que ça reste un super souvenir ?

Denis Lefdup »

 

« (…) Pour ma part un concert inoubliable, surtout avant et après! L’arrivée chez Alain, petit chemin en cailloux et ensuite le jardin bunuelien car cela m’a rappelé le film « le chien andalou » (….) C’était un vrai plaisir de jouer chez vous! Suis reparti chez moi avec une édition qui compilait les dessins d’une jeune autiste de 16 ans qui dessine magnifiquement (c’est d’ailleurs un de ses dessins qui officie sur l’affiche du festival), à la fin du concert je lui ai prêté ma basse ! Tout était un peu extraordinaire! Le début des festivités avec le cirque, ensuite des chanteurs se sont succédé . Nous avons clôturé avec le plaisir de jouer les chansons de « Denis Lefdup » devant le public ! et puis l’apéro de soirée chez Alain pour fêter ça! Merci (…) pour votre gentillesse et votre accueil chaleureux (…) ça a été pour moi une expérience inoubliable, sincèrement ! Joseph »

 

Cette JHD, au milieu d’un long beau week-end de 4 jours pour beaucoup de monde, a somme toute vu passer pas mal de monde. Bien sûr le soir le public était moindre, mais celui-ci était des plus chaleureux. 65 entrées au concert et 76 paëllas réservées, des pâtisseries orientales, du thé à la menthe et quelques boissons, des ventes de t-shirts, livres… et voilà une édition qui s’équilibre budgétairement.

On pense à l’année prochaine, ce qui pourrait être amélioré, ce qui pourrait être différent, ce qui pourrait être aménagé, ……. ce qui pourrait être tout court.

10 ans de festival, c’est un beau prétexte pour organiser une belle fête artistico-culturo-humano-décalée. C’est aussi un lourd défi pour une association qui ne tourne que par du bénévolat, et qui du coup à toujours besoin de nouvelles idées, de nouveaux bras, de nouvelles subventions, de nouvelles rencontres, de nouveaux horizons…. A bon entendeur…

Et avant de vous quitter, on lance un APPEL. Si vous avez pris des photos lors de la journée du 1er juin et que vous voulez bien partager on prend toutes les contributions. Vous pouvez les envoyer à cette adresse : contact@handivers-horizons.fr. Merci !

Rédigée  par Dominique M.